- 30 déc. 2010, 15:41
#177058
6. Mon cadeau d'anniversaire...
En matière de trahison, je suis à présent convaincu que « l’occasion fait la Larronne », comme on dit. Si on ajoute à cela le rôle de cette naïveté sans limites dont on peut faire preuve en tant que mec, on obtient un cocktail fait de circonstances, de tentations et de complicité active (la notre) qui finit par produire ce résultat fatal : en l'espace de quelques temps, l’épouse la plus sage, la plus fidèle, la plus convenue peut devenir une vraie créature, capable d’entrer dans des plans vraiment limites. Et le pire : tout ceci, bien souvent, en semblant conserver une part de son « innocence » passée.
Enfin, c’est un peu ce qui me sera arrivé en moins de quelques mois, l’année dernière. J’ai déjà décrit les premiers moments de cette expérience : ma chère Anne, petite quarantaine, cadre dans un grand ministère, très chic sur elle, un peu timide, se laisse tout d’abord aller avec moi à un phantasme bien innocent : je m'étais mis dans l'idée un soir de lui faire l'amour en « jouant » le rôle de l’un de ses nouveaux collègues, le beau Sofiane, croisé par hasard à son bureau. Un essai... très vite transformé par ma belle, à l’issue d’un déjeuner pris au Novotel avec ce même Sofiane : je les ai vus sous mes yeux abandonner leurs desserts pour terminer l'après-midi dans les étages du même établissement ! Sympa, quand même, ma chère et tendre : elle a tenu à ce que je « participe » en m’appelant sur son i-phone puis en m’envoyant les images et le son de ses ébats. Et puis ses aveux successifs, ensuite : d'abord mon vieux copain Christophe, par lequel elle se faisait sauter depuis deux ou trois mois et aussi, tant qu’elle y était, son trio avec Christophe et sa meilleure-copine-de-bureau, une jolie blonde qui au départ craquait un peu pour moi, et qu’elle a rapidement dissuadée de s'intéresser à mon cas !
Et pourtant, certains de ses aveux m’ont paru... difficiles à passer, presque chargés de quelques remords. Par ailleurs elle a toujours conclu ses confessions en m’affirmant de façon répétée (...et même en me prouvant un peu), que malgré tout ça, c’était bien moi qu’elle aimait, n’est-ce pas ? Honnêtement, il faut pouvoir décoder.
Les événements évoqués dans mon dernier récit (ses aveux concernant son trio avec Christophe et Sèverine) se sont déroulés en Juillet. Depuis... j’ai tenté de reprendre le contrôle (un peu) et nous avons eu quelques aventures amusantes, à ma seule initiative, des aventures que je raconterai peut-être, séparément. Bien sûr, je ne suis pas naïf au point de penser que ces jeux lui suffisent et qu’elle ne s’est pas trouvé de nouveaux amants ou amantes. Mais, malgré les quelques investigations que j’ai menées, je n’ai pu pour l’instant prendre ma Miss en défaut. Je crois finalement qu’Anne est une très, très grande comédienne. Ou bien.... qu’elle est complètement schizo !
En bref, je pouvais craindre de revenir à un certain train-train, à peine amélioré par les quelques « plans » que je viens d’évoquer, si mon anniversaire récent - c’était un Vendredi, il y a quelques semaines - n’avait donné l’occasion à ma belle de me prouver son esprit d’invention, en me faisant la fête d’une manière tout à fait inhabituelle. Voici donc « l’affaire », dont je n’ai changé que quelques détails purement anecdotiques...
La veille au soir, je parle de la veille de mon anniversaire, Anne m’avait annoncé qu’elle avait "pris" sa journée du lendemain, afin d’aller chez le coiffeur, puis de faire les magasins, me trouver un petit cadeau, etc... Et pour la soirée, elle nous avait réservé une table « en amoureux » dans un excellent restaurant de la rue Lepic, au dessus de Pigalle.
Le lendemain donc, elle disparaît comme prévu en fin de matinée et revient vers 13h30 toute jolie, son carré auburn raccourci, redessiné, et sa courte frange toujours aussi bondissante. Pourquoi perdre du temps, me dit-elle : et dans la foulée elle se change, enfile un petit tailleur noir de saison, très chic. Elle est ravissante ! Par l’échancrure de sa veste j’aperçois la dentelle noire du dernier Aubade que je lui ai offert... je jette un coup d'oeil à ses jolies jambes, mais la longueur raisonnable de sa jupe ne me permets hélas pas d’espérer qu’il s’agisse de bas et non de collants (il faisait quand même un peu froid...). La voici prète ! Elle me propose alors d’aller sur les Champs, il y a plein de boutiques, et tiens, pourquoi ne pas commencer par le Virgin ? Elle a quelques idées de bouquins pour moi, autant démarrer par là ! En route donc pour les Champs Elysées et le Virgin.
L’horreur des rues parisiennes et des parkings réunis m’incitent à lui proposer de la déposer devant le Magasin, puis d’aller garer la voiture avant de la rejoindre. L’idée est excellente, me dit-elle, et, une fois sur place, je l’abandonne donc face au Mégastore pour me mettre en quête d’une place quelconque. Vingt minutes plus tard, c’est à mon tour de m’engouffrer dans le temple de la Zique et de l’Edition. Je descends vers la grande librairie, située au sous-sol, franchis la sorte de mezzanine où se trouvent les caisses et me met en devoir de retrouver ma belle. Pas mal de monde, c’est sûr, mais point de Miss Anne ni au rayon dictionnaires, ni aux livres d’art, ni aux ouvrages d’actualité. Point d’épouse non plus au rayon économie et politique... Je franchis la volée de marche qui mène aux romans en tout genre, jette un regard circulaire, et... je l’aperçois enfin, dans le coin le plus à gauche de l’espace.
Elle se tenait face à de larges rayons, et semblait feuilleter un gros ouvrage, posé sur une tablette. En même temps.... un type était là à ses côtés, pas mal, grand, un peu plus grand que moi, 1m90 peut-être, entre 35 et 40 ans au jugé, et il semblait parcourir l’ouvrage avec elle, lui faire quelques commentaires, d’un air détaché. J’ai pensé un instant qu’il faisait peut-être partie du personnel, mais non, il n’avait ni la tête ni la tenue de l’emploi. J’hésitai, pris la décision de m’approcher un peu. Ce faisant, je découvris très vite que le coin où ils se trouvaient était réservé, entièrement, du haut en bas et d’un bout à l’autre, à la littérature... érotique. Ca, c’était bien elle ! Aucune pudeur. Elle vient ici afin de me choisir un beau bouquin de cul, et elle ne peut s’empêcher de demander son avis au premier venu ! Après une nouvelle hésitation, je décidai d’interrompre leur débat. Je m’approche donc, prend Miss Anne par la taille et lance :
- C’est moi !
...tout en jetant au type un regard soupçonneux.
Anne sursaute, pousse un petit cri, prend le temps de refermer son bouquin et de le reposer, dos vers le haut, puis me réplique, l’air un peu gênée :
- Tu m’as fait peur ! Tu en as mis un temps à arriver ! J’étais... en train d’essayer de choisir pour toi un bouquin un peu... enfin, un peu « amusant », quoi ! Elle rit, nerveusement. Mais il y a un tel choix, ici, que j’ai vraiment du mal... et Heu.... Monsieur (elle me montre le gars) qui... était là lui aussi, heu... m'a vue dans... l'embarras et... il... m'a il proposé hardiment de m'aider par ses conseils, voilà !
Le type esquissa un sourire vaguement ennuyé et confirma :
- Il faut dire qu’on ne sait trop où donner de la tête, ici !
Tant qu’il ne s’agissait que de donner de la tête, me dis-je, songeur... Et j’allais donc presser ma femme de se décider rapidement, quand je fus pris d’une nouvelle hésitation : lui demander de se dépêcher pour me choisir un cadeau... n’était pas forcément très diplomatique. Cette seconde de temps mort me fut hélas fatale. Très naturellement, Anne poursuivit en effet :
- Mon chéri.... ! C’est quand même un peu compliqué de te choisir quelque chose si tu as le nez dessus ! Tu ne veux pas aller... me trouver un polar, par exemple ? Essaye de mettre la main sur un auteur Norvégien ou Finlandais, si tu peux en trouver un que je n’aie pas lu ! On se retrouve ici, je ne bouge pas, d’accord ?
Bon. Que pouvais-je faire ? Certainement pas un scandale, ce jour-là. Et puis elle avait réagi avec tellement de naturel, qu’après tout il était fort probable que je m’énervais pour rien, et de toutes façons, elle n’allait pas mettre des heures à finaliser son choix, avec ou sans l’aide du dragueur. Je partis donc à l’opposé de la salle, à la recherche des dits polars, mais je dûs bien vite faire ce dur constat : les polars nordiques étaient exposés dans la salle à côté, et j'allais devoir perdre le contact visuel avec les deux tourtereaux. Un peu stressé quand même, je m’y rendis, explorai rapidement quelques rayonnages, la tête ailleurs, il faut dire qu'en matière de polars nordiques, elle avait TOUT lu... elle l'avait fait exprès, c'était pas possible ! Pris d’une impulsion, je revins brusquement vers la pièce précédente, le coeur battant - fausse alerte : depuis le seuil du passage qui relie les deux espaces, je pouvais la voir, ou plutôt les voir tous les deux, car l’autre était toujours là et bien là. Il avait l’air d’être en train de lui lire un passage quelconque d’un ouvrage d’assez grand format, et elle, elle avait l’air... de faire semblant de s’en horrifier - je l’entendais même rire de là où je me trouvais ! Je retournai donc vers les auteurs Vikings, décidé à m’acquitter très vite de ma mission, quitte à prendre n’importe quel bouquin pourvu que le nom de l’auteur se termine par « -sson » ! Je tombai sur un truc amusant, et surtout de saison : « les dix femmes de l’industriel Rauno Rämekorpi». Sur la couverture : un Père Noël, allongé par terre. Je le parcourus : pas mal ! Soulagé, je fis un demi-tour rapide et repassai dans la salle d’avant et là, je dus très vite me rendre à l’évidence : Anne avait disparu. De même, apparamment, que son chevalier servant !
Un instant paniqué, je tente de me raisonner : elle devait être à la caisse, tout simplement, ayant oublié un peu vite le rendez-vous qu’elle m’avait donné au rayon « érotisme » ! Et il n’y avait aucune raison pour que LUI ait continué à la « coacher ». Anne n’était quand même pas aussi téméraire ! Je me fraie donc un passage jusqu’à la mezzanine - il y avait à présent un monde fou, plusieurs queues aux caisses... mais pas de trace de ma douce et tendre. Je remonte jusqu’au rez-de-chaussée, me rue à l’extérieur. Je scrute désespérément à gauche et à droite les trottoirs glissants des Champs Elysées et le flot des passants inhabituellement prudents : toujours pas de trace de ma belle. Je me dis que tout ceci n’est pas possible, qu'elle (ou ils) ne pouvai(en)t être bien loin... Dans un café, peut-être ? Elle aurait accepté de prendre un verre avec son dragueur ? Mouais. Je l’appelle donc sur son mobile mais c’est sa messagerie qui décroche, instantanément.
Difficile de décrire la demi-heure qui suivit. Son mobile ne répondant pas, j’en conclus qu’elle se trouve hors de tout signal, donc toujours au sous-sol du Virgin que j’explore fébrilement, de fond en comble. En vain. Je ressors, visite les deux-trois cafés les plus proches. Personne. Je la rappelle quatre fois, sans succès. A la cinquième, il se passe un truc bizarre. Son téléphone décroche, j’entends vaguement sa voix, un peu distante, ainsi que des bruits de pas sur un trottoir, des bruits de circulation : visiblement elle discute avec quelqu’un, tout en marchant. Mais elle ne me prend pas. Je reste scotché à mon mobile, le même fond sonore me parvient encore une trentaine de secondes, et puis sa tonalité change, le fond de plan urbain disparaît, elle semble entrer dans un immeuble, toujours en conversant. Il y a d’autres voix, et j’en déduis qu’il s’agit d’un lieu public, un bistro ou un magasin peut-être. Leurs voix sont neutres, je ne distingue pas les paroles, mais elle rit, deux ou trois fois. Bon... elle doit être plus haut sur les champs, avec l’autre... sans doute l’a-t-il invitée dans une brasserie un peu plus classe que les troquets du coin.
Un peu rassuré, mais intrigué, je prends la décision de retourner à la voiture et de rentrer chez nous, préférant attendre à l’abri le fin mot de l’histoire. Anne est une grande fille, elle se débrouillera bien toute seule, où qu’elle se trouve.
Je retrouve donc notre voiture, descend attraper le périphérique à la Porte Maillot, toute proche. Pile-poil à l’instant où je m’engage face au Palais des congrès, mon Nokia retentit. Je me gare instantanément en double file, c’est bien son mobile qui appelle, je décroche. Et là, stupeur : c’est une voix de mec qui m’interpelle, et de plus, qui m’interpelle par mon prénom : « Marc ? »
- Oui ???
- ...heu... je vous appelle de la part de votre épouse, Anne...
- OUI ?! ...il ne lui est rien arrivé ???
- Non, non, rien du tout ! Enfin... OUI, ... si l’on veut. Mais rien de grave !
- Mais... comment ça « rien de grave » ??? Qui êtes-vous ? Elle est là ?
- Heu... je... on s’est croisé, tout à l’heure à la librairie du Virgin... vous... vous souvenez ?
Si je me souvenais ?!? Il avait le mot pour rire, lui ! Mais quel était donc ce plan ?
- Mais... elle est avec VOUS ?
- OUIIIII, elle est avec moi ! Mais ne vous inquiétez pas, je vous dis ! Aucun problème ! Elle va bien, elle va très bien, je vous assure ! Elle est... heu... très bien !
Je commençais à m’énerver :
- Vous pouvez me la passer ?
- Ben.....
- Vous pouvez me la passer, oui ou non ?
- Attendez une seconde ! Et puis ne vous excitez pas, d’abord ! Laissez-moi vous expliquer.... en deux mots !
Il se tût une ou deux secondes. Et moi je rongeai mon frein.
- Voilà : d’abord, comme vous l'avez vu, j’ai fait la connaissance de votre... ravissante épouse, par hasard, il y a moins d’une heure, au rayon... des livres érotiques du Virgin. Bon. Elle cherchait en fait un truc à vous offrir et comme j’étais là aussi, elle m'a abordé pour me demander mon avis, mais bon, heu... j'ai vite compris qu'elle cherchait peut-être... comment dire... qu’elle cherchait autre chose, quoi !
Tiens ? Dans la version de ma femme, tout à l’heure, c'était LUI qui l'avait abordée, et non le contraire...
- ...Autre chose ??? Comment ça, « autre chose » ?
- Oui ! Elle se montrait très... comment dire... heu... très séductrice, quoi !
J’étais stupéfait ! Parvîns à articuler :
- ...séductrice ??? Vous rigolez ! Mais comment ça ???
- Oui, oui... séductrice et même, un peu... heu.... disons... un peu provocatrice !
- Quoi ??? Provocatrice ? Anne ?! Non mais vous délirez, là !
Il prît un ton énervé.
- Ecoutez... je ne veux pas vous embêter mon vieux, mais c’est quand même assez clair, vous ne croyez pas ? Sa façon d’hésiter sur le truc à vous offrir, de feuilleter les bouquins les plus... graves, puis de me demander, à moi, de l’aider à faire son choix... C'est juste un peu de la provoc, non ? Quand vous êtes arrivé, elle venait de trouver un super exemplaire du Kamasutra, elle me l'avait mis sous le nez et nous commencions tout juste à le feuilleter ensemble...
- Super, Bravo !
- Oh, hé, c’est pas moi, c’est elle, qu’il faut applaudir ! Non seulement elle est canon, non seulement elle a un chic dingue, mais en plus elle fait preuve... d’un culot assez rare votre chère et tendre, il faut quand même l’avouer ! Et je m’y connais !
- Ben... apparemment, c'est le cas !
- Bon... enfin, bref, elle vous a expédié à l’autre bout du magasin et puis, tout de suite, heu... comment dire... elle m’a appris en minaudant que c’était aujourd’hui votre anniversaire, et que vous aviez... heu... un phantasme... un peu... spécial.
- Comment ça ?!?
- Mais me coupez pas tout le temps, c’est énervant, à la fin ! Oui, un phantasme spécial... il n’y a pas de mal à ça, non, d’avoir des phantasmes ? Bon, bref, elle m’a dit que votre c’était celui... de la voir séduite et même... enlevée par un autre mec !
J’étais sans voix. Elle avait donc osé ! Il continua :
- Bref, elle m’a avoué en rougissant et en fixant ses escarpins qu’elle aimerait bien vous aider à le satisfaire... un jour ou l’autre. Bon, honnêtement, j’ai d'abord cru à un pur bluff, je n’en croyais vraiment pas mes oreilles, mais évidemment je lui ai répondu tout de suite que j'étais... l'homme de la situation, quand elle voulait, où elle voudrait !
- Etonnant !
- ... oui, oui... et du coup, heu... je n’ai pas attendu une seconde de plus ! Juste pour tester si c’était du sérieux, je lui ai proposé de venir prendre un verre avec moi, tout de suite, en vous laissant en plan. Et je l’ai entraînée vers la sortie, direct ! J’avais peur que vous ne reveniez trop vite, il faut me comprendre : une chance pareille... ! Mais c’est là qu’elle m’a surpris pas une autre initiative...
J’étais effondré, marmonnai :
- ah oui ? Laquelle ?
- Et bien, elle m’a suivi, mais elle a tenu à emporter avec elle cette édition du Kama Sutra - Hmm - me disant que c’était quand même une partie de votre cadeau et qu’après tout elle était venue pour ça ! Il a fallu évidemment le payer en caisse - heureusement qu’il n’y avait pas beaucoup de queue car moi... hhheu... moi je n’avais vraiment qu’une trouille : celle de vous voir rappliquer.
- On n’a pas dû se rater de beaucoup !
- C’est vrai! Humm... Sitôt payé et sitôt dehors, nous avons sauté dans un taxi : il était temps, nous vous avons vu sortir du Virgin à l’instant où le taxi démarrait... Je ne vous dis pas la crise de rire... hum, humm... bon... nous nous sommes calmés... et là, je lui ai expliqué qu’en fait je venais de province.... et que.... heu.... je passais le Week-End à Paris... et que j’avais pris une chambre dans un Grand Hôtel... pas loin, un Hôtel avec un super bar tip-top, branché, pianiste et tout, l’idéal pour prendre un verre sympa...
- Génial !
- J’ai tenté le coup. Je me disais : une chance sur deux de me faire jeter ! Bon, ben, elle a juste rigolé et donc j’ai... hhhhum... donné l’adresse au Taxi...
- Superbe !
- N’est-ce pas ? Vous savez mon vieux que vous avez une femme délicieuse... ? Hmmm... Surtout que durant le trajet, elle s’est mise à feuilleter votre « cadeau », me questionnant sur mes préférences et me parlant des siennes... je vous assure, la température a vite grimpé, dans le tacot !
- Et alors ???
- Hem.... et bien arrivé à l’hôtel, on était mûrs tous les deux. Moi je bandais comme fou, à en avoir mal aux... Bref, à peine s’est-on posé au bar que j’ai craqué, lui proposant de ne pas perdre de temps et de monter directement dans ma chambre afin de nous plonger ensemble dans la lecture de votre super-cadeau...
- Evidemment ! Et... elle a réagi comment, là ???
Il eut un rire un brin macho...
- Ben devinez, mon vieux !
Un nouveau petit rire, genre suspense, et puis :
- ...elle a juste pris un air absolument ravi et m’a demandé, d’une petite voix inquiète... combien de pages de lecture je pensais pouvoir tenir en « restant sage » avec elle ! « Sage » ! Elle est vraiment mignonne !
Là, j’eus quand même un brusque coup au coeur. Et j’eus un mot malheureux :
- Salopard !
Et il raccrocha, net. L’horreur ! Je me traitais de tous les noms, là, mais quel c... j’étais ! Et que faire ? Je savais qu’ls étaient dans un Grand Hôtel avec un bar super pas loin, Ok. Mais lequel ? Il y en avait une bonne quinzaine dans le coin ! Et même si je trouvais l’hôtel, que faire de plus ? J’étais fou de rage et de jalousie rentrée. Je passais cinq bonnes minutes indécis, à jouer avec toutes les hypothèses, me refusant à quitter le quartier, en me rongeant les sangs, quand tout à coup, mon mobile sonna de nouveau, c’était son numéro. Et c’était lui.
« Bon, vous êtes calmé, là ???
Je me retîns d’éclater.
- OK, ça va. Vous êtes verni, c’est vraiment une fille sympa ! Mais.... il y a un truc que je ne comprends pas, là : puisque vous êtes apparemment sur le point de nager dans le bonheur avec cette petite p..., pourquoi m’appeler, moi ? Et me rappeler, en plus ?
- Et bien voila.... hum... C’est à propos de cette histoire de Kama Sutra... Heu... Humm... là nous sommes dans ma chambre... et... heu, nous avons à peine commencé à... hhhh... sympathiser... c’est chaud, ah oui, c’est chaud !
A cet instant j’entendis le rire de ma douce épouse, très distinctement, immédiatement suivi d’une claque sonore.... Ils faisaient quoi, au juste ??? Il la battait ??? Il enchaîna...
- Pardon, pardon... ! Et en plus... elle... elle adore les fessées... apparemment ! Une... perle, vraiment, votre femme !
Une perle, oui ! J’étais accablé...
- Bon, bon, et alors ?
- Et bien... on a commencé par feuilleter le bouquin... et à un moment on s’est dit... enfin, je veux dire, c’est moi qui lui ai dit... comme ça, hein, purement en rigolant, pour la provoquer... que ça serait marrant de vous... heu... de vous inviter à la séance de... lecture ! Hum.... ...Non ?
Je restai coi... Il continua...
- Elle n’a pas dit oui, hein, elle n’a pas dit... hmmm... elle n’a pas dit non, non plus, Mais elle... m’a dit qu’elle ne voulait pas... avoir affaire à vous. Et elle ne voulait pas vous appeler... et puis elle m’a dit... appelle-le, TOI... Hhhhhh... Alors voilà, je vous appelle.... houii......
- Sympathique ! Elle vous tutoie, en plus ? Et... là, vous en êtes où ?
- Heu... hmmmm.... oui, ouiiiii, elle me tu-tutoie... on commençait tout juste.... Madame est en porte-jarretelles... le haut un peu débraillé, je dois dire... et le bas.... elle en a plus ! Faut dire qu’elle avait déjà oté sa petite culotte dans l’ascenseur, toute seule, comme une grande, j’avais rien demandé ! Et.... houi.... là, je suis.... assis sur le lit.... et je... je dois vous dire.... qu’elle... hhhhh est en train de.... de me.... sucer comme une reine.....
- ... !
- ...elle est à quatre.... hhhh.... pattes.... oh ! Oui.... à quat’ pattes, devant moi.... je... tends la main.... et lui... ah ! ... je lui flatte le cul.... quel joli cul, elle a ! AH ! C'est grave..... ! Hmmmmm.... elle me tient les couilles..... Je... Je... lui enfonce un doigt dans.... la rondelle... bien profondément... Lààààààà !
- Vous êtes OU !?
- au... au.... Hhhhhhh, ah ! ........au Méridien...
- Le Méridien ? Lequel ?
- ...ah mon Dieu ! Quelle pute ! Qu’est-ce qu’elle est bonne, ahhuuuUUUMM... Porte Maillot... Porte Maillot, au premier.... à la 128.....
- Ca alors ! Je suis garé à cent mètres, à peine là... j’arrive !
...Quant à la suite faut que je la termine et... qu'elle approuve... si vous êtes preneurs....
En matière de trahison, je suis à présent convaincu que « l’occasion fait la Larronne », comme on dit. Si on ajoute à cela le rôle de cette naïveté sans limites dont on peut faire preuve en tant que mec, on obtient un cocktail fait de circonstances, de tentations et de complicité active (la notre) qui finit par produire ce résultat fatal : en l'espace de quelques temps, l’épouse la plus sage, la plus fidèle, la plus convenue peut devenir une vraie créature, capable d’entrer dans des plans vraiment limites. Et le pire : tout ceci, bien souvent, en semblant conserver une part de son « innocence » passée.
Enfin, c’est un peu ce qui me sera arrivé en moins de quelques mois, l’année dernière. J’ai déjà décrit les premiers moments de cette expérience : ma chère Anne, petite quarantaine, cadre dans un grand ministère, très chic sur elle, un peu timide, se laisse tout d’abord aller avec moi à un phantasme bien innocent : je m'étais mis dans l'idée un soir de lui faire l'amour en « jouant » le rôle de l’un de ses nouveaux collègues, le beau Sofiane, croisé par hasard à son bureau. Un essai... très vite transformé par ma belle, à l’issue d’un déjeuner pris au Novotel avec ce même Sofiane : je les ai vus sous mes yeux abandonner leurs desserts pour terminer l'après-midi dans les étages du même établissement ! Sympa, quand même, ma chère et tendre : elle a tenu à ce que je « participe » en m’appelant sur son i-phone puis en m’envoyant les images et le son de ses ébats. Et puis ses aveux successifs, ensuite : d'abord mon vieux copain Christophe, par lequel elle se faisait sauter depuis deux ou trois mois et aussi, tant qu’elle y était, son trio avec Christophe et sa meilleure-copine-de-bureau, une jolie blonde qui au départ craquait un peu pour moi, et qu’elle a rapidement dissuadée de s'intéresser à mon cas !
Et pourtant, certains de ses aveux m’ont paru... difficiles à passer, presque chargés de quelques remords. Par ailleurs elle a toujours conclu ses confessions en m’affirmant de façon répétée (...et même en me prouvant un peu), que malgré tout ça, c’était bien moi qu’elle aimait, n’est-ce pas ? Honnêtement, il faut pouvoir décoder.
Les événements évoqués dans mon dernier récit (ses aveux concernant son trio avec Christophe et Sèverine) se sont déroulés en Juillet. Depuis... j’ai tenté de reprendre le contrôle (un peu) et nous avons eu quelques aventures amusantes, à ma seule initiative, des aventures que je raconterai peut-être, séparément. Bien sûr, je ne suis pas naïf au point de penser que ces jeux lui suffisent et qu’elle ne s’est pas trouvé de nouveaux amants ou amantes. Mais, malgré les quelques investigations que j’ai menées, je n’ai pu pour l’instant prendre ma Miss en défaut. Je crois finalement qu’Anne est une très, très grande comédienne. Ou bien.... qu’elle est complètement schizo !
En bref, je pouvais craindre de revenir à un certain train-train, à peine amélioré par les quelques « plans » que je viens d’évoquer, si mon anniversaire récent - c’était un Vendredi, il y a quelques semaines - n’avait donné l’occasion à ma belle de me prouver son esprit d’invention, en me faisant la fête d’une manière tout à fait inhabituelle. Voici donc « l’affaire », dont je n’ai changé que quelques détails purement anecdotiques...
La veille au soir, je parle de la veille de mon anniversaire, Anne m’avait annoncé qu’elle avait "pris" sa journée du lendemain, afin d’aller chez le coiffeur, puis de faire les magasins, me trouver un petit cadeau, etc... Et pour la soirée, elle nous avait réservé une table « en amoureux » dans un excellent restaurant de la rue Lepic, au dessus de Pigalle.
Le lendemain donc, elle disparaît comme prévu en fin de matinée et revient vers 13h30 toute jolie, son carré auburn raccourci, redessiné, et sa courte frange toujours aussi bondissante. Pourquoi perdre du temps, me dit-elle : et dans la foulée elle se change, enfile un petit tailleur noir de saison, très chic. Elle est ravissante ! Par l’échancrure de sa veste j’aperçois la dentelle noire du dernier Aubade que je lui ai offert... je jette un coup d'oeil à ses jolies jambes, mais la longueur raisonnable de sa jupe ne me permets hélas pas d’espérer qu’il s’agisse de bas et non de collants (il faisait quand même un peu froid...). La voici prète ! Elle me propose alors d’aller sur les Champs, il y a plein de boutiques, et tiens, pourquoi ne pas commencer par le Virgin ? Elle a quelques idées de bouquins pour moi, autant démarrer par là ! En route donc pour les Champs Elysées et le Virgin.
L’horreur des rues parisiennes et des parkings réunis m’incitent à lui proposer de la déposer devant le Magasin, puis d’aller garer la voiture avant de la rejoindre. L’idée est excellente, me dit-elle, et, une fois sur place, je l’abandonne donc face au Mégastore pour me mettre en quête d’une place quelconque. Vingt minutes plus tard, c’est à mon tour de m’engouffrer dans le temple de la Zique et de l’Edition. Je descends vers la grande librairie, située au sous-sol, franchis la sorte de mezzanine où se trouvent les caisses et me met en devoir de retrouver ma belle. Pas mal de monde, c’est sûr, mais point de Miss Anne ni au rayon dictionnaires, ni aux livres d’art, ni aux ouvrages d’actualité. Point d’épouse non plus au rayon économie et politique... Je franchis la volée de marche qui mène aux romans en tout genre, jette un regard circulaire, et... je l’aperçois enfin, dans le coin le plus à gauche de l’espace.
Elle se tenait face à de larges rayons, et semblait feuilleter un gros ouvrage, posé sur une tablette. En même temps.... un type était là à ses côtés, pas mal, grand, un peu plus grand que moi, 1m90 peut-être, entre 35 et 40 ans au jugé, et il semblait parcourir l’ouvrage avec elle, lui faire quelques commentaires, d’un air détaché. J’ai pensé un instant qu’il faisait peut-être partie du personnel, mais non, il n’avait ni la tête ni la tenue de l’emploi. J’hésitai, pris la décision de m’approcher un peu. Ce faisant, je découvris très vite que le coin où ils se trouvaient était réservé, entièrement, du haut en bas et d’un bout à l’autre, à la littérature... érotique. Ca, c’était bien elle ! Aucune pudeur. Elle vient ici afin de me choisir un beau bouquin de cul, et elle ne peut s’empêcher de demander son avis au premier venu ! Après une nouvelle hésitation, je décidai d’interrompre leur débat. Je m’approche donc, prend Miss Anne par la taille et lance :
- C’est moi !
...tout en jetant au type un regard soupçonneux.
Anne sursaute, pousse un petit cri, prend le temps de refermer son bouquin et de le reposer, dos vers le haut, puis me réplique, l’air un peu gênée :
- Tu m’as fait peur ! Tu en as mis un temps à arriver ! J’étais... en train d’essayer de choisir pour toi un bouquin un peu... enfin, un peu « amusant », quoi ! Elle rit, nerveusement. Mais il y a un tel choix, ici, que j’ai vraiment du mal... et Heu.... Monsieur (elle me montre le gars) qui... était là lui aussi, heu... m'a vue dans... l'embarras et... il... m'a il proposé hardiment de m'aider par ses conseils, voilà !
Le type esquissa un sourire vaguement ennuyé et confirma :
- Il faut dire qu’on ne sait trop où donner de la tête, ici !
Tant qu’il ne s’agissait que de donner de la tête, me dis-je, songeur... Et j’allais donc presser ma femme de se décider rapidement, quand je fus pris d’une nouvelle hésitation : lui demander de se dépêcher pour me choisir un cadeau... n’était pas forcément très diplomatique. Cette seconde de temps mort me fut hélas fatale. Très naturellement, Anne poursuivit en effet :
- Mon chéri.... ! C’est quand même un peu compliqué de te choisir quelque chose si tu as le nez dessus ! Tu ne veux pas aller... me trouver un polar, par exemple ? Essaye de mettre la main sur un auteur Norvégien ou Finlandais, si tu peux en trouver un que je n’aie pas lu ! On se retrouve ici, je ne bouge pas, d’accord ?
Bon. Que pouvais-je faire ? Certainement pas un scandale, ce jour-là. Et puis elle avait réagi avec tellement de naturel, qu’après tout il était fort probable que je m’énervais pour rien, et de toutes façons, elle n’allait pas mettre des heures à finaliser son choix, avec ou sans l’aide du dragueur. Je partis donc à l’opposé de la salle, à la recherche des dits polars, mais je dûs bien vite faire ce dur constat : les polars nordiques étaient exposés dans la salle à côté, et j'allais devoir perdre le contact visuel avec les deux tourtereaux. Un peu stressé quand même, je m’y rendis, explorai rapidement quelques rayonnages, la tête ailleurs, il faut dire qu'en matière de polars nordiques, elle avait TOUT lu... elle l'avait fait exprès, c'était pas possible ! Pris d’une impulsion, je revins brusquement vers la pièce précédente, le coeur battant - fausse alerte : depuis le seuil du passage qui relie les deux espaces, je pouvais la voir, ou plutôt les voir tous les deux, car l’autre était toujours là et bien là. Il avait l’air d’être en train de lui lire un passage quelconque d’un ouvrage d’assez grand format, et elle, elle avait l’air... de faire semblant de s’en horrifier - je l’entendais même rire de là où je me trouvais ! Je retournai donc vers les auteurs Vikings, décidé à m’acquitter très vite de ma mission, quitte à prendre n’importe quel bouquin pourvu que le nom de l’auteur se termine par « -sson » ! Je tombai sur un truc amusant, et surtout de saison : « les dix femmes de l’industriel Rauno Rämekorpi». Sur la couverture : un Père Noël, allongé par terre. Je le parcourus : pas mal ! Soulagé, je fis un demi-tour rapide et repassai dans la salle d’avant et là, je dus très vite me rendre à l’évidence : Anne avait disparu. De même, apparamment, que son chevalier servant !
Un instant paniqué, je tente de me raisonner : elle devait être à la caisse, tout simplement, ayant oublié un peu vite le rendez-vous qu’elle m’avait donné au rayon « érotisme » ! Et il n’y avait aucune raison pour que LUI ait continué à la « coacher ». Anne n’était quand même pas aussi téméraire ! Je me fraie donc un passage jusqu’à la mezzanine - il y avait à présent un monde fou, plusieurs queues aux caisses... mais pas de trace de ma douce et tendre. Je remonte jusqu’au rez-de-chaussée, me rue à l’extérieur. Je scrute désespérément à gauche et à droite les trottoirs glissants des Champs Elysées et le flot des passants inhabituellement prudents : toujours pas de trace de ma belle. Je me dis que tout ceci n’est pas possible, qu'elle (ou ils) ne pouvai(en)t être bien loin... Dans un café, peut-être ? Elle aurait accepté de prendre un verre avec son dragueur ? Mouais. Je l’appelle donc sur son mobile mais c’est sa messagerie qui décroche, instantanément.
Difficile de décrire la demi-heure qui suivit. Son mobile ne répondant pas, j’en conclus qu’elle se trouve hors de tout signal, donc toujours au sous-sol du Virgin que j’explore fébrilement, de fond en comble. En vain. Je ressors, visite les deux-trois cafés les plus proches. Personne. Je la rappelle quatre fois, sans succès. A la cinquième, il se passe un truc bizarre. Son téléphone décroche, j’entends vaguement sa voix, un peu distante, ainsi que des bruits de pas sur un trottoir, des bruits de circulation : visiblement elle discute avec quelqu’un, tout en marchant. Mais elle ne me prend pas. Je reste scotché à mon mobile, le même fond sonore me parvient encore une trentaine de secondes, et puis sa tonalité change, le fond de plan urbain disparaît, elle semble entrer dans un immeuble, toujours en conversant. Il y a d’autres voix, et j’en déduis qu’il s’agit d’un lieu public, un bistro ou un magasin peut-être. Leurs voix sont neutres, je ne distingue pas les paroles, mais elle rit, deux ou trois fois. Bon... elle doit être plus haut sur les champs, avec l’autre... sans doute l’a-t-il invitée dans une brasserie un peu plus classe que les troquets du coin.
Un peu rassuré, mais intrigué, je prends la décision de retourner à la voiture et de rentrer chez nous, préférant attendre à l’abri le fin mot de l’histoire. Anne est une grande fille, elle se débrouillera bien toute seule, où qu’elle se trouve.
Je retrouve donc notre voiture, descend attraper le périphérique à la Porte Maillot, toute proche. Pile-poil à l’instant où je m’engage face au Palais des congrès, mon Nokia retentit. Je me gare instantanément en double file, c’est bien son mobile qui appelle, je décroche. Et là, stupeur : c’est une voix de mec qui m’interpelle, et de plus, qui m’interpelle par mon prénom : « Marc ? »
- Oui ???
- ...heu... je vous appelle de la part de votre épouse, Anne...
- OUI ?! ...il ne lui est rien arrivé ???
- Non, non, rien du tout ! Enfin... OUI, ... si l’on veut. Mais rien de grave !
- Mais... comment ça « rien de grave » ??? Qui êtes-vous ? Elle est là ?
- Heu... je... on s’est croisé, tout à l’heure à la librairie du Virgin... vous... vous souvenez ?
Si je me souvenais ?!? Il avait le mot pour rire, lui ! Mais quel était donc ce plan ?
- Mais... elle est avec VOUS ?
- OUIIIII, elle est avec moi ! Mais ne vous inquiétez pas, je vous dis ! Aucun problème ! Elle va bien, elle va très bien, je vous assure ! Elle est... heu... très bien !
Je commençais à m’énerver :
- Vous pouvez me la passer ?
- Ben.....
- Vous pouvez me la passer, oui ou non ?
- Attendez une seconde ! Et puis ne vous excitez pas, d’abord ! Laissez-moi vous expliquer.... en deux mots !
Il se tût une ou deux secondes. Et moi je rongeai mon frein.
- Voilà : d’abord, comme vous l'avez vu, j’ai fait la connaissance de votre... ravissante épouse, par hasard, il y a moins d’une heure, au rayon... des livres érotiques du Virgin. Bon. Elle cherchait en fait un truc à vous offrir et comme j’étais là aussi, elle m'a abordé pour me demander mon avis, mais bon, heu... j'ai vite compris qu'elle cherchait peut-être... comment dire... qu’elle cherchait autre chose, quoi !
Tiens ? Dans la version de ma femme, tout à l’heure, c'était LUI qui l'avait abordée, et non le contraire...
- ...Autre chose ??? Comment ça, « autre chose » ?
- Oui ! Elle se montrait très... comment dire... heu... très séductrice, quoi !
J’étais stupéfait ! Parvîns à articuler :
- ...séductrice ??? Vous rigolez ! Mais comment ça ???
- Oui, oui... séductrice et même, un peu... heu.... disons... un peu provocatrice !
- Quoi ??? Provocatrice ? Anne ?! Non mais vous délirez, là !
Il prît un ton énervé.
- Ecoutez... je ne veux pas vous embêter mon vieux, mais c’est quand même assez clair, vous ne croyez pas ? Sa façon d’hésiter sur le truc à vous offrir, de feuilleter les bouquins les plus... graves, puis de me demander, à moi, de l’aider à faire son choix... C'est juste un peu de la provoc, non ? Quand vous êtes arrivé, elle venait de trouver un super exemplaire du Kamasutra, elle me l'avait mis sous le nez et nous commencions tout juste à le feuilleter ensemble...
- Super, Bravo !
- Oh, hé, c’est pas moi, c’est elle, qu’il faut applaudir ! Non seulement elle est canon, non seulement elle a un chic dingue, mais en plus elle fait preuve... d’un culot assez rare votre chère et tendre, il faut quand même l’avouer ! Et je m’y connais !
- Ben... apparemment, c'est le cas !
- Bon... enfin, bref, elle vous a expédié à l’autre bout du magasin et puis, tout de suite, heu... comment dire... elle m’a appris en minaudant que c’était aujourd’hui votre anniversaire, et que vous aviez... heu... un phantasme... un peu... spécial.
- Comment ça ?!?
- Mais me coupez pas tout le temps, c’est énervant, à la fin ! Oui, un phantasme spécial... il n’y a pas de mal à ça, non, d’avoir des phantasmes ? Bon, bref, elle m’a dit que votre c’était celui... de la voir séduite et même... enlevée par un autre mec !
J’étais sans voix. Elle avait donc osé ! Il continua :
- Bref, elle m’a avoué en rougissant et en fixant ses escarpins qu’elle aimerait bien vous aider à le satisfaire... un jour ou l’autre. Bon, honnêtement, j’ai d'abord cru à un pur bluff, je n’en croyais vraiment pas mes oreilles, mais évidemment je lui ai répondu tout de suite que j'étais... l'homme de la situation, quand elle voulait, où elle voudrait !
- Etonnant !
- ... oui, oui... et du coup, heu... je n’ai pas attendu une seconde de plus ! Juste pour tester si c’était du sérieux, je lui ai proposé de venir prendre un verre avec moi, tout de suite, en vous laissant en plan. Et je l’ai entraînée vers la sortie, direct ! J’avais peur que vous ne reveniez trop vite, il faut me comprendre : une chance pareille... ! Mais c’est là qu’elle m’a surpris pas une autre initiative...
J’étais effondré, marmonnai :
- ah oui ? Laquelle ?
- Et bien, elle m’a suivi, mais elle a tenu à emporter avec elle cette édition du Kama Sutra - Hmm - me disant que c’était quand même une partie de votre cadeau et qu’après tout elle était venue pour ça ! Il a fallu évidemment le payer en caisse - heureusement qu’il n’y avait pas beaucoup de queue car moi... hhheu... moi je n’avais vraiment qu’une trouille : celle de vous voir rappliquer.
- On n’a pas dû se rater de beaucoup !
- C’est vrai! Humm... Sitôt payé et sitôt dehors, nous avons sauté dans un taxi : il était temps, nous vous avons vu sortir du Virgin à l’instant où le taxi démarrait... Je ne vous dis pas la crise de rire... hum, humm... bon... nous nous sommes calmés... et là, je lui ai expliqué qu’en fait je venais de province.... et que.... heu.... je passais le Week-End à Paris... et que j’avais pris une chambre dans un Grand Hôtel... pas loin, un Hôtel avec un super bar tip-top, branché, pianiste et tout, l’idéal pour prendre un verre sympa...
- Génial !
- J’ai tenté le coup. Je me disais : une chance sur deux de me faire jeter ! Bon, ben, elle a juste rigolé et donc j’ai... hhhhum... donné l’adresse au Taxi...
- Superbe !
- N’est-ce pas ? Vous savez mon vieux que vous avez une femme délicieuse... ? Hmmm... Surtout que durant le trajet, elle s’est mise à feuilleter votre « cadeau », me questionnant sur mes préférences et me parlant des siennes... je vous assure, la température a vite grimpé, dans le tacot !
- Et alors ???
- Hem.... et bien arrivé à l’hôtel, on était mûrs tous les deux. Moi je bandais comme fou, à en avoir mal aux... Bref, à peine s’est-on posé au bar que j’ai craqué, lui proposant de ne pas perdre de temps et de monter directement dans ma chambre afin de nous plonger ensemble dans la lecture de votre super-cadeau...
- Evidemment ! Et... elle a réagi comment, là ???
Il eut un rire un brin macho...
- Ben devinez, mon vieux !
Un nouveau petit rire, genre suspense, et puis :
- ...elle a juste pris un air absolument ravi et m’a demandé, d’une petite voix inquiète... combien de pages de lecture je pensais pouvoir tenir en « restant sage » avec elle ! « Sage » ! Elle est vraiment mignonne !
Là, j’eus quand même un brusque coup au coeur. Et j’eus un mot malheureux :
- Salopard !
Et il raccrocha, net. L’horreur ! Je me traitais de tous les noms, là, mais quel c... j’étais ! Et que faire ? Je savais qu’ls étaient dans un Grand Hôtel avec un bar super pas loin, Ok. Mais lequel ? Il y en avait une bonne quinzaine dans le coin ! Et même si je trouvais l’hôtel, que faire de plus ? J’étais fou de rage et de jalousie rentrée. Je passais cinq bonnes minutes indécis, à jouer avec toutes les hypothèses, me refusant à quitter le quartier, en me rongeant les sangs, quand tout à coup, mon mobile sonna de nouveau, c’était son numéro. Et c’était lui.
« Bon, vous êtes calmé, là ???
Je me retîns d’éclater.
- OK, ça va. Vous êtes verni, c’est vraiment une fille sympa ! Mais.... il y a un truc que je ne comprends pas, là : puisque vous êtes apparemment sur le point de nager dans le bonheur avec cette petite p..., pourquoi m’appeler, moi ? Et me rappeler, en plus ?
- Et bien voila.... hum... C’est à propos de cette histoire de Kama Sutra... Heu... Humm... là nous sommes dans ma chambre... et... heu, nous avons à peine commencé à... hhhh... sympathiser... c’est chaud, ah oui, c’est chaud !
A cet instant j’entendis le rire de ma douce épouse, très distinctement, immédiatement suivi d’une claque sonore.... Ils faisaient quoi, au juste ??? Il la battait ??? Il enchaîna...
- Pardon, pardon... ! Et en plus... elle... elle adore les fessées... apparemment ! Une... perle, vraiment, votre femme !
Une perle, oui ! J’étais accablé...
- Bon, bon, et alors ?
- Et bien... on a commencé par feuilleter le bouquin... et à un moment on s’est dit... enfin, je veux dire, c’est moi qui lui ai dit... comme ça, hein, purement en rigolant, pour la provoquer... que ça serait marrant de vous... heu... de vous inviter à la séance de... lecture ! Hum.... ...Non ?
Je restai coi... Il continua...
- Elle n’a pas dit oui, hein, elle n’a pas dit... hmmm... elle n’a pas dit non, non plus, Mais elle... m’a dit qu’elle ne voulait pas... avoir affaire à vous. Et elle ne voulait pas vous appeler... et puis elle m’a dit... appelle-le, TOI... Hhhhhh... Alors voilà, je vous appelle.... houii......
- Sympathique ! Elle vous tutoie, en plus ? Et... là, vous en êtes où ?
- Heu... hmmmm.... oui, ouiiiii, elle me tu-tutoie... on commençait tout juste.... Madame est en porte-jarretelles... le haut un peu débraillé, je dois dire... et le bas.... elle en a plus ! Faut dire qu’elle avait déjà oté sa petite culotte dans l’ascenseur, toute seule, comme une grande, j’avais rien demandé ! Et.... houi.... là, je suis.... assis sur le lit.... et je... je dois vous dire.... qu’elle... hhhhh est en train de.... de me.... sucer comme une reine.....
- ... !
- ...elle est à quatre.... hhhh.... pattes.... oh ! Oui.... à quat’ pattes, devant moi.... je... tends la main.... et lui... ah ! ... je lui flatte le cul.... quel joli cul, elle a ! AH ! C'est grave..... ! Hmmmmm.... elle me tient les couilles..... Je... Je... lui enfonce un doigt dans.... la rondelle... bien profondément... Lààààààà !
- Vous êtes OU !?
- au... au.... Hhhhhhh, ah ! ........au Méridien...
- Le Méridien ? Lequel ?
- ...ah mon Dieu ! Quelle pute ! Qu’est-ce qu’elle est bonne, ahhuuuUUUMM... Porte Maillot... Porte Maillot, au premier.... à la 128.....
- Ca alors ! Je suis garé à cent mètres, à peine là... j’arrive !
...Quant à la suite faut que je la termine et... qu'elle approuve... si vous êtes preneurs....
Modifié en dernier par CheeseCake le 31 mars 2012, 00:06, modifié 29 fois.