Erreur de fil ... ce texte est plus à sa place ici.
Retour sur une scène de l'automne dernier ...
J'étais intriguée par cette librairie, je me demandais bien ce qu'on pouvait y trouver et comment ce lieu pouvait être agencé. Un soupçon d'inquiétude me tenaillait aussi ... Était-ce une librairie comme les autres ou une façade, un prétexte pour cacher un lieu destiné à d'autres activités moins officielles ? Je sais que Pat ne m'emènerais jamais dans un traquenard, mais ça ne m'empêche pas de psychoter.
Arrivée sur place, je découvre un lieu assez petit, avec des livres du sol au plafond, sur les murs, et étalés sur des tables dans la partie centrale. Une librairie quoi. A la caisse, un homme plutôt jeune semble très occupé à des tâches administratives. Un client dans la boutique, un homme, seul, feuillette des livres dans le fond de la pièce. Rien ne laisse transparaître une ambiance coquine, si ce n'est le thème des livres qui y sont vendus.
Pat était venu à la recherche de livres de photos, qui se trouvent sur le mur de droite. Il s'y dirige donc. Moi, je ne suis à la recherche de rien, je commence alors à regarder un peu tous les rayons, par curiosité. Je finis par me dire que je pourrais y trouver des choses sur la littérature érotique qui pourraient m'inspirer ou nourrir mes propres récits.
Au début, je n'ose pas faire plus que de regarder les couvertures ou les tranches des livres. Je me sens gênée, comme si le fait de toucher un de ces livres équivalait à me mettre à nu. Je me sens aussitôt idiote de penser ça.
Après un long moment, je finis par prendre mon courage à deux mains, car le temps commence à me sembler long, à ne rien faire. Après avoir fait consciencieusement deux fois le tour des rayons, je choisis un livre de poche qui ne me semble pas trop sulfureux, des nouvelles coquines. Je lis quelques paragraphes, j'en suis assez déçue, c'est dans la même veine que les situations de mes propres histoires, mais en plus froid, avec moult descriptions très détaillées, sans doute destinées à aider le lecteur à visualiser la scène. Je préfère mes textes moins descriptifs mais plus émotifs.
Le premier livre en appelle en second. J'ai franchi le pas, je peux continuer. Je suis tout autant déçue, tous les livres se ressemblent, seul les thématiques changent. Un peu comme Oui-Oui à la mer, Oui-Oui à la montagne, etc ... on change de décor, mais le propos est toujours le même, de l'excitation garantie, plus ou moins pornographique, on sent que le client doit en avoir pour son argent. Je découvre un rayon littérature ancienne, tout petit. Il n'y a que quelques livres, qui sont surtout des analyses littéraires de certains auteurs ou de thématiques qui ne m'intéressent pas. Déçue de nouveau.
L'homme qui feuilletait les livres continue son périple, il semble très absorbé. Pat est toujours dans le rayon photo, absorbé également. Je décide de changer de rayon pour arriver aux manuels techniques. Je souris intérieurement ... Dans les grandes librairies commerciales, je finis irrémédiablement dans le rayon travaux pratiques, couture, broderie, peinture ... Finalement, ce n'est pas différent ici.
J'ai toujours été curieuse des positions pour faire l'amour, bien que je n'en ai jamais apprise aucune. Elles nous sont venues naturellement. Je me dis que je pourrais peut-être apprendre, découvrir des choses avec un livre bien fait. J'en trouve assez peu, et la plupart sont très succincts, les images ne sont même pas jolies, parfois ce sont juste des dessins. Nouvelle déception.
Finalement, j'analyse l'offre de livre qui s'étale sous mes yeux. J'y vois des romans de gare vaguement érotiques ou franchement pornographiques, des manuels pour aider les couples en péril et pas mal de bandes dessinées. Rien de tout cela ne m'intéresse.
Je rejoins alors Pat pour découvrir le rayon photo. Là encore, il me faut du temps pour oser prendre un livre dans mes mains, d'autant que le caissier est juste dans mon dos. Regarder un livre de photos coquines équivaut pour moi à un acte de voyeurisme, ce qui n'est pas du tout dans ma nature. De nouveau, je me sens idiote de penser cela. Grande respiration, et je choisis un ouvrage qui me semble assez sage. Je trouve ça joli, la vue des corps féminins mis en valeur me met à l'aise. Finalement, je m'identifie assez facilement aux modèles, il me vient même quelques idées de poses.
C'est à ce moment que Pat est venu jouer avec ses doigts sans trop de discrétion. Ce n'est pas la première fois qu'il joue à ce petit jeu qui me plaît, mais l'exiguïté du lieu et la proximité du vendeur m'ont mise mal à l'aise.
Pour ma part, je goûtais la gêne de la Nymphette et ce d'autant plus qu'elle était vraiment radieuse ce jour là... Les autres hommes (elle était la seule femme) lui jetaient des regards de désir assez agréables de mon point de vue d'homme partageur. Et puis, à un moment, j'ai glissé ma main sous sa robe et commencé à lui mettre mon doigt dans l'anus. La Nymphette m'a alors incité à tempérer mes "pulsions"...Le temps passait et Pat avait une autre idée en tête. Il s'est dirigé au rayon DVD que je n'avais pas vu, ou inconsciemment évité. Il y passe un moment et finit par sélectionner un film. Je n'ose regarder de quoi il s'agit.
Nous voilà à la caisse pour payer. Je suis affreusement gênée, alors même que c'est juste un produit banal dans cette boutique. Ni Pat ni le vendeur ne semblent gênés. Je n'ai qu'une envie, c'est que ce moment passe vite et que nous sortions du magasin.
Epilogue
Je n'ai perçu aucun regard ni même la présence de personne en dehors du vendeur et de l'homme qui était déjà là quand nous sommes arrivés. Inconscient, je bloque toute perception qui pourrait me mettre mal à l'aise. Ce mécanisme de défense est si bien ancré en moi que je n'arrive pas à le faire sauter, alors que je voudrais être en capacité de jouer, d'interagir avec le regard d'autrui.
Le DVD contenait 3 films des années 70, réalisé par le célèbre Georges Fleury.

Nous en avons visionné deux, péniblement. Pourquoi péniblement ? Parce que quand nous commençons à regarder ce type de film, confortablement installés dans notre lit ... je n'arrive pas à rester concentrée plus de 15 minutes avant de venir câliner mon époux tant je suis excitée. Il faut donc s'y prendre à plusieurs reprises pour que je vois le film en entier ... Mais ça c'est une autre histoire.
