- 08 mars 2011, 00:29
#271149
Aujourd’hui, on est le 5 Mars 2011, exactement à un an jour pour jour, nuit pour nuit de notre première nuit.
Ce n'est pas n'importe quel jour et cette nuit ne sera pas n'importe quelle nuit. J'y pense tous les mois, même au début où O fêtait joyeusement notre anniversaire. J''y pense depuis février, j'y pense tous les jours ces derniers temps. C'était une date importante que ce jeudi 5 Mars 2010.
Je viens de rentrer sur chez moi.
Bilan très difficile, très très mitigé.
Oui, O m'avait dit Non après des peut-être, pour la énième fois Non mais là, je n'en pouvais plus.
Suis partie vers midi presque sur un coup de tête. Ca fait certainement 100 fois que je voulais y aller malgré son Non mais je me suis toujours retenue par respect pour lui alors qu'il ne me respecte plus depuis longtemps - et par peur.
Attendu le train 1H à St-Lazare puis direct Normandie. Là-bas, la gare est loin de tout, semble-t-il. Le car pour le bled où O habite depuis janvier était dans 2H. Comment attendre loin du centre ville, ainsi sans rien dire, rien faire, soleil mais vent froid ?
Je lui ai téléphoné mais répondeur. J'ai juste dit bonjour et "je ne suis pas loin de toi" avec une voix câline. Pas vraiment de calcul, c'est venu comme ça.
En partant, ma motivation, outre le voir enfin, était de tout lui dire enfin, lui dire tout ce que j'avais investi en lui, tout ce que j'avais espéré pour nous, la décision que j'avais prise le concernant il y a un an, lui dire ce qui me manquait concrètement, où il avait été défaillant, comment il pourrait être brillant avec tout le monde, comment il pourrait faire crier n'importe quelle fille au monde s'il me suivait... Mais non, j'ai pris pour ce message une voix de petite fille qui fait de l'oeil en coin en espérant qu'on l'attrape.
Pas de car ? Ai osé l'auto-stop. Très très gênant, la honte. J'avais déjà fait ça (pour le rejoindre) début novembre en Bretagne. Je ne compte plus tout ce que j’ai fait pour lui et jamais pour un autre. Ai beaucoup attendu en tendant mon pouce timidement. Les Normands sont méfiants, m'a-t-on dit ensuite. Enfin, une femme m'a prise en stop jusqu'à Trucville (j'adore ces noms de bleds qui me replongent dans Maupassant et Flaubert ; ai l'impression d'y être un peu chez moi, sites du monde de ma jeunesse puisqu'on vit plus ses romans que sa vie) puis un bonhomme jusqu'à Bled en Caux. Le bol. A part que cet inspecteur des impôts m'a raconté son incendie de maison et ses problèmes d'assurances. Un coup dur pour lui et j'ai compati.
Arrivée enfin à Bled en Caux dont je me délectais sur le chemin de voir le nom affiché sur les panneaux car c'était un bout du nom de mon Loulou sur les panneaux, un avant-goût. Mais là, que faire ? Devant une boutique fermée, j'ai téléphoné à loulou en espérant qu'il me prenne enfin en ligne. Il l'a fait ! Voix convenable = tout est possible. J'ai été un peu sibylline, comme "je suis tout près de toi", mais quand je lui ai demandé où il était, il a répondu "Rouen" ! chez son copain où il ne devait rester que le vendredi soir. Galère. Il a dit avoir l'intention de rentrer ce soir samedi (on était quand mm l'après-midi vers 16h ou 17H) et j'ai dit "pas grave" (genre, je t'attendrai). Il était hésitant mais de couleur positive, je le sentais tanguer vers moi. C'est une impression délicieuse de le sentir tanguer vers moi, non parce que j'aurais vaincu quelque chose chez lui mais parce qu'il me semble toujours que quelque chose en lui qu'il s'évertue d'occulter, d'enterrer au plus profond, ressurgit malgré tout. En fait, je crois toujours qu'au fond de lui, il m'aime. Je pourrais expliquer pourquoi mais je suis fatiguée.
Puis d'un coup au téléphone, il a dû sentir la petite "responsabilité/contrainte" que je figurais pour lui et il a changé de ton, a pris celui du méchant et m'a engueulée violemment : "Je t'ai dit non mais t'en fais qu'à ta tête ! En plus, j'ai des choses à faire,moi, je dois dormir pour récupérer, j'avais l'intention de jouer (guitare, piano), de faire mes trucs et tu viens m'emmerder en plein milieu ! j'ai eu une dure semaine et j'ai pas envie de te voir, je te l’ai déjà dit, ect !"
J'étais choquée par ses mots, j'ai attendu qu'il ait fini sa crise puis ai continué avec ma voix de conciliation parce que j'avais entendu à travers la sienne qu'il y avait une possibilité pour moi de me glisser au milieu de sa colère plaquée pour la tempérer. Et j'ai dit que ce n'était pas grave, qu'effectivement, il m'avait dit des choses dures dans ce sens par mail mais que j'avais décidé de les prendre de façon positive (!), que je n'allais pas le déranger dans ses affaires, que c'était juste pour qu'on se voie parce que ça faisait des mois qu'il tergiversait, disait oui, p-être (j'insistais sur "oui" et "peut-être"), puis disait non et que je n'en pouvais plus d'attendre alors que je sais qu'il voulait bien me voir au fond mais que maintenant ici, je pouvais l'attendre gentiment, ça ne posait pas de problème, qu'il prenne son temps et me téléphone quand il serait là, etc.
Il a semblé être raisonné ou avoir fini sa gueulante, comme revenu à des sentiments plus tempérés, sa voix s'est adoucie, et j'ai senti qu'il hésitait à m'accorder la victoire et donc, à se considérer vaincu par mes mots ou moi (je pense plutôt par moi) mais ne le voulant pas dans cette position, j'ai dit quelques mots montrant que je n'avais rien remporté ou que je ne m'étais pas aperçue de la moindre bataille. Il m'a conseillée de me promener sur la plage. J'avais de toute façon, l'intention de le faire.
Cela n’a l’air de rien mais c’est énorme qu’il m’ait conseillée de me promener quelque part pour passer le temps me séparant de lui. Cela sous-entendait qu’il me rejoindrait, certes, mais aussi qu’il me prenait un tant soit peu en charge avec ce conseil, et si y’a bien une chose qu'O ne fait jamais, c’est s’occuper de quelqu’un. L’empathie, la solidarité, la responsabilité, ce n’est vraiment pas son truc.
Ok, ça marche. Je me promène sur la jetée en contrant un vent terrible et une mer plutôt agitée en face mais qu'importe ces éléments hostiles puisqu'enfin, je vais retrouver mon O, mon bébé, mon tout doux. Le soleil est présent. C'est normal, le soleil est l'ami d'O qui lui ressemble. Fait froid. Je suis contente, les choses vont se passer, je vais le voir et surtout, j'ai aimé comment il a repris une voix normale pour finir la conversation, voix dans laquelle j'avais ma place comme si déjà, c'était ses bras.
Ensuite, j'ai longé de port de plaisance pour y lire le nom des bateaux, voir s'ils avaient un rapport quelconque avec nous deux, et dénombrer ceux à voile. Je suis entrée chez un brocanteur, Domi, hors de prix pour de la semi-daube en barre qu'il essayait de vendre. Après, le centre ville est vite visité avec ses commerces de proximité sans charme particulier.
Je choisis une brasserie, "Chez Franck", hélas bruyante, pour m'y poser et bouquiner un magazine de nanas (j'ai emporté 2 livres de philo et 2 magazines). J'y suis restée jusqu'à la fermeture à 20h, ne me concentrant jamais suffisamment pour comprendre ce que je lisais. J'étais toujours contente, je m'imaginais ce qu'on allait faire, comment on allait s'y prendre, comment j'allais ou non lui parler, tout lui dire, comment je le pourrais ou pas, etc.
Modifié en dernier par mylu le 08 mars 2011, 01:32, modifié 1 fois.