- 24 juil. 2020, 14:35
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A question simple, réponse bigarrée. Souvent, l’on passe sa vie à essayer de s’apprendre là où l’on croit changer. C’est pour ma part un long cheminement, cependant déjà fort présent dans mes plus vieux souvenirs. Lorsque j’avais 4 ou 5 ans, je sentais qu’il existait quelque chose, une chose certainement magique qui m’attirait tant que cela me poussait à braver tous les interdits, un précieux dont pourtant j’ignorais tout ou presque. Ce précieux, c’était la sexualité bien sûr. Je ressentais un désir fou que je ne pouvais assouvir, ni même cerner. Non seulement je n’en savais rien, mais je n’étais pas pubère encore. Un flou aussi inexistant qu’oppressant semblait vouloir se révéler sans que je ne sache où craquer une allumette. Aucune éducation aux choses de la vie m’a amené, avec beaucoup de frustration, à l’adolescence. Dès cet âge, j’avais le fantasme d’une vie libertine. Très timide en revanche et particulièrement mal dans ma peau, rien ne se concrétisait. J’y pensais cependant à longueur de journée. Quotidiennement. « Plus tard, j’aurai une très belle femme, et nous aurons une relation ouverte ». Pas de candaulisme encore, assurément pas, mais … Peut-être par ignorance de ce possible ? Et pour cause : j’avais ce fantasme de relation libre tout en ayant le caractère d’un amoureux transi, adulant dans mes rêves les plus fou une créature aussi unique qu’absolument extraordinaire. Vous me suivez ? Union libre + amour transi d’une femme fatale ? N’avons-nous pas tous les ingrédients ?
La vie, notre culture, en décident autrement. Ce n’est pas « normal ». Ce n’est pas ainsi que les couples s’aiment. Petit à petit, le fantasme d’union libre s’enfui en moi au fur et à mesure que je fais une cour assidue à plusieurs gentes demoiselles qui toutes, pour l’instant, me trouvent admirablement … toutes les qualités du monde … mais ne convenant cependant jamais à leurs recherches. A l’opposé, je me détourne complètement d’autres très jolies demoiselles qui, elles, me témoignent de l’intérêt. Parfois même sans le savoir. (Quelle surprise d’apprendre, 10 ans plus tard, que la plus jolie fille de l’école, source des plus terribles conflits tant elle s’est encoquinée avec tout ce qui bouge, y compris les filles, était dingue de moi et a passé les six ans de collège à attendre que je daigne poser un regard sur elle. Je ne l’ai jamais fait.) Je passe donc toute mon adolescence à me masturber frénétiquement chaque soir, fantasmant sur unetelle ou unetelle, mais toujours sur l’une qui n’était pas dans mon lit. Toujours pas de candaulisme me direz-vous. Non. Par contre de terribles chagrins d’amour passés à pleurer mes dulcinées qui embrassaient tantôt des copains, tantôt un frère, tantôt des connaissances. Bref, de quoi arroser une petite graine non encore germée, mais déjà en terre. Probablement.
Le temps passe. Et boum patatras, arrive ce qui devait arriver : ma première copine. Franchement pas une histoire intéressante. Une amourette de vacances qui a tenté les prolongations. Mais une anecdote malgré tout. Je ne suis jamais allé plus loin avec elle que quelques bisous répartis sur trois ou quatre mois. Elle en revanche, elle a fait l’amour avec mon meilleur pote et un mec qui étudiait dans mon école. Cocu avant même d’avoir baisé ! Ça ne mérite pas une médaille, ça ? Après cette première expérience sentimentale, les choses vont se précipiter. Durant les dix ou quinze ans qui suivent, je vais avoir une dizaine de copines. Toutes m’ont trompé. Ou presque. (Celle qui ne l’a pas fait, la seule, je l’ai quittée. La seule que j’ai quittée d’ailleurs.) Bien sûr, je ne suis pas encore du tout un candauliste avertis. Donc ces histoires engendrent beaucoup de colères et de disputes. Je pardonne toujours, quoi qu’il en soit. Durant ces années, j’évolue beaucoup et apprends beaucoup de choses, sexuellement parlant. Du parfait débutant que j’étais, j’apprends comment caresser le corps d’une charmante et devient un excellent amant. Je m’adonne à tout un caléidoscope de pratiques paraphiliques plus ou moins avouables, d’exhibitionnisme, de bisexualité, allant jusqu’à me prostituer par pur vice. Bref, je m’amuse beaucoup entre relations amoureuses bancales et chagrins d’amour dévastateur. Et puis tout cela nous mène à une nouvelle période de célibat de deux ans, durant laquelle je m’assieds, et réfléchis.
J’ai 32 ans à l’époque je crois. Je me rappelle mon enfance et ses désirs inavoués. Mon adolescence frustrée et son ignorance de tout. Toutes ces pratiques sexuelles exquises, plaisirs d’esthètes appris au fils des années. Mes chagrins d’amours mais aussi les débuts pleins de feux des relations. Mes rencontres sur Belswing sur lequel je suis inscrit depuis que j’ai 16 ans (oui madame, et à l’époque il y avait beaucoup beaucoup moins de monde). Les sites d’exhibitionnisme aussi. Je pense et je réfléchis à ma vie, dans laquelle tout ce fatras s’entrechoque avec toujours un message capital : ma vie sentimentale ne peut-être épanouie que si notre vie sexuelle commune est heureuse et enrichissante. Donc, de quoi ai-je envie en la matière ? Qu’est ce qui m’excite ? Qu’est ce qui me transcende ?
J’y pense. Je me masturbe. J’y repense. Je me remasturbe. Des étincelles pleins la tête. Et soudain. Je me masturbe en pensant à des situations dans lesquelles ma copine me trompe. Et bordel. J’aime ça ! Je les écris. (Certaines, je les ai publiées ici bien plus tard.) Je me masturbe frénétiquement en les écrivant. Je les publie sur des sites de poésies et… elles plaisent à certains et certaines. Quelqu’un me site le mot candaulisme. Je ne le connaissais même pas ! Google est mon ami. Je tombe sur ce site que je dévore. C’est devenu clair et évident : je veux que ma femme me trompe ! Je veux être cocu ! Devant tous et tout le monde ! Que tout le monde le sache ! Cocu, s’il te plaît la vie, je veux être COCU !!! Bon. Ce n’est pas le cas. Je suis célibataire… Mais je cherche. Sur un site de rencontre « normal » je croise un profil qui fait l’anguille. J’insiste. Elle accepte. Et dingue de désirs et d’envies, amoureux déjà de tout ce que nous nous sommes dit, la veille de notre rencontre, je lui déballe tout par écrit. J’ai peur. Très peur. Elle me plaît énormément. Je suis dingue de sa manière de parler. Je suis fou de ses mots et des trois ou quatre photos qu’elle m’a envoyées. Et je lui ai dit. La veille du jour où elle a accepté de me rencontrer, que je ne peux pas envisager une relation amoureuse sans être cocu. Bref. J’attends. Je lui ai envoyé le mail à 4h du mat. Je suis crevé et fébrile. Bien sûr, elle se doute de l’état de nervosité dans lequel je dois me trouver. Elle trouve donc le temps de me rassurer. On se voit demain. À 21h.
La suite ? C’est un roman. Une saga en mille tomes. Mais nous sommes mariés. Nous ne nous quitterons jamais, même si nous sommes passés tout près du cataclysme récemment suite à une aventure parfaitement candauliste. Je suis cocu. Et je suis le plus heureux des hommes.