Il faut savoir surprendre et varier. Pour une fois, je m'exprime en prose et je glisse ici une nouvelle coquine. En espérant que vous aurez plaisir à la lire.
ImprobableLundi ! Dieu que ce jour sonne mal à mes oreilles. La semaine qui recommence avec sa monotonie et ses rituels forcés : le travail avec le chef bête et méchant, les transports en commun encombrés et odorants, et le beau temps après une fin de semaine trop souvent pourrie.
Je sortis de chez moi sous un soleil resplendissant et pris l’autobus au vol. Il était bondé et je dus rester debout tout le trajet. Je descendis devant l’immeuble où je travaille et montai retrouver mon bureau au cinquième étage.
La matinée puis le déjeuner s’écoulèrent comme à l’accoutumée, sans originalité ni anicroche. Il en fut de même pour l’après-midi. Bref, un lundi parfaitement normal et ordinaire. Vous vous demandez pourquoi je vous en parle. Tout simplement, car une journée compte 24 heures et que le mot « improbable » allait trouver une illustration spectaculaire, rarement mentionnée dans les dictionnaires.
Le bus qui me ramenait chez moi dut faire un détour car des travaux de voirie barraient la route habituelle. Par chance, j’étais assis près de la fenêtre et regardais, vaguement blasé, la ville défiler. Soudain, mon attention fut attirée par une vision si familière qu’elle avait imprimée mon cortex de façon indélébile. A, mon chef de service bête et méchant, marchait sur le trottoir en compagnie d’une jeune femme plutôt jolie qui lui tenait le bras. Or, ce n’était pas Mme A que je connaissais bien pour être, non seulement la grande patronne, mais surtout la fille unique du propriétaire de la boîte où je travaillais. Je l’apercevais souvent, arpentant les couloirs, beauté froide et classique sûre de son pouvoir, daignant rarement adresser la parole à ses subordonnés.
Sans réfléchir, je descendis du bus pour suivre mon chef et sa jeune compagne du moment. Ce sale type qui me pourrissait la vie avait-il un secret inavouable ? Je devais en avoir le cœur net. Et, qui sait ?, l’heure d’une vengeance aussi douce à mon âme que cruelle à la sienne allait peut-être sonner.
Je me fis aussi discret que possible, jouant de la foule assez compacte pour me dissimuler, sans pour autant les perdre de vue. Le couple ne se doutait manifestement de rien et marchait nonchalamment, sans se hâter. Ils arrivèrent devant un hôtel situé dans une rue calme, légèrement en retrait par rapport au boulevard. Sans être luxueux, l’établissement avait du charme et du caractère ; sûrement un hôtel familial ayant échappé à la standardisation de ses semblables rattachés à ces chaînes internationales. Ils entrèrent d’un pas assuré. De loin, je pouvais voir le regard bienveillant, voire complice, du réceptionniste, nullement surpris de les voir. Il paraissait évident que A et cette femme avaient leurs habitudes et qu’ils venaient régulièrement. Sitôt la remise des clés, le couple monta vers la chambre. J’avais eu le temps de filmer avec mon portable cette scène si incroyable et improbable. Je décidai d’attendre qu’ils eussent fini leur affaire pour en savoir davantage.
Une heure plus tard, A et la jeune femme redescendaient, joyeux, épanouis. Main dans la main, ils marchèrent vers le boulevard, toujours dans leur bulle, sans se soucier de quiconque. Je les suivis jusqu’à un immeuble de six étages et de standing moyen. La jeune femme sortit des clés et ouvrit la porte. Elle se retourna vers mon chef et ils s’embrassèrent avec fougue. Elle entra dans l’immeuble, tandis que A hélait un taxi pour, vraisemblablement, rentrer chez lui. J’attendis que le véhicule s’éloignât pour inspecter l’entrée de l’immeuble. Un nom sur l’interphone attira immédiatement mon attention ; le seul avec un prénom féminin. Je photographiai tout cela et me dépêchai de rentrer chez moi.
J’eus du mal à trouver le sommeil. Des pensées confuses, tantôt exaltées, tantôt vengeresses peuplaient mes rêves agités.
Le lendemain au travail, je fis comme si de rien n’était. A eut de nombreuses réunions et je ne le vis que fort peu. Il en fut de même jusqu’au jeudi où le même scénario se reproduisit, avec la même jeune femme et au même hôtel. Il n’y avait plus de doute, mon chef de service avait une maîtresse et sa femme hautaine portait sur sa tête une belle paire de cornes. Il me fallait maintenant ourdir ma vengeance et contacter la grande patronne de son infortune.
Alors que je tentais d’échafauder une stratégie, Mme A me convoqua le vendredi dans son bureau. C’était la première fois. Étonné, décontenancé, un peu inquiet aussi, j’entrai dans le bureau directorial. Mme A trônait dans son fauteuil de cuir beige. Je pouvais la voir de près et la comparer à sa rivale. Elle avait une petite quarantaine, élancée, châtaine aux yeux gris bleus, son visage était beau et harmonieux, un petit nez fin, des lèvres finement dessinée. Élégante et distinguée, sa froideur se trouvait atténuer par la beauté de ses yeux.
« Je vous ai demandé de venir car vous êtes la seule personne de notre société à parler russe et lundi, je dois déjeuner avec des clients venus de Moscou. Vous passerez la journée avec eux et moi pour faire l’interprète. Soyez ici à 9 heures. Mon mari a des rendez-vous prévus de longue date et ne se joindra pas à nous. Ce sera tout. Merci. À lundi ».
Je quittai rassuré et plutôt flatté le bureau de Mme A. Rentré chez moi, je passai la fin de semaine à me demander comment faire savoir à la patronne que son mari avait une maîtresse. Malgré mes efforts, et me connaissant, je savais que je ne pourrais pas aborder le sujet avec elle de manière directe. Ne voulant pas me stresser inutilement, je décidai de voir venir et d’agir en fonction des circonstances.
Le lundi, ma journée commença à 9 heures précises. Je m’étais mis sur mon 31. Mme A était éblouissante. Ses longs cheveux flottaient au vent. Un maquillage léger soulignait superbement ses traits fins. Elle portait un chemisier blanc cassé, une jupe gris perle s’arrêtant au-dessus du genou et une veste grise. Des chaussures à talons complétaient sa tenue. Les clients russes s’avèreraient charmants mais très professionnels et d’abord plutôt facile. Ils étaient ravis de s’exprimer dans leur langue et les discussions quant au contrat avancèrent assez vite. Les dernières difficultés furent aplanies au cours d’un bon déjeuner dans un restaurant huppé. Au digestif, les documents furent dûment signés et l’affaire conclue. Après un ultime toast, nos invités regagnèrent leur hôtel, en nous remerciant encore pour le bon déroulement des négociations et le succulent repas, et Mme A et moi prîmes le chemin du bureau. Elle rayonnait car ce contrat représentait une garantie de travail et de chiffre d’affaire pour au moins cinq ans ; de quoi pérenniser la société. Elle me félicita pour mon aide qu’elle qualifia de « précieuse » ; je rougis devant un tel compliment venant d’une femme que j’avais toujours connue froide et distante jusque-là.
Pendant que nous attendions le taxi, la foudre frappa Mme A. Absorbé par mon rôle de traducteur, j’avais totalement négligé que le restaurant où nous avions déjeuné se trouvait à deux pas de l’hôtel où A et sa maîtresse se livraient à leurs ébats. J’avais oublié aussi, dans l’euphorie du contrat signé, que nous étions lundi. Et Mme A vit son mari et cette jeune femme entrer dans l’hôtel en se bécotant et en se tenant la main. Dire qu’elle fut stupéfaite puis en colère serait l’euphémisme du siècle. Ses yeux étaient des mitraillettes, sa bouche une mâchoire broyeuse.
« Le salaud, il va me le payer ! » cria-t’elle en serrant rageusement les poings.
Ma propre stupeur passée, je jubilais intérieurement. Je tenais enfin ma revanche. Je m’approchai de ma patronne, faussement penaud, et lui montrai sur mon téléphone les films que j’avais tournés les deux fois où je les avais suivis. Interloquée, puis immédiatement intéressée, elle exigea des explications. Je lui racontai par le menu comment j’avais découvert la chose, qui était cette jeune femme, où elle vivait. Mme A me fixa longuement, sans dire un mot, le visage dur et fermé ; son esprit phosphorait à grande vitesse. Je la regardais un peu inquiet, me demandant ce qu’elle comptait faire, anticipant le pire. Soudain, sans crier gare, elle me prit énergiquement la main et m’amena à l’hôtel. Je craignais qu’elle ne fît un énorme scandale et me trouvais dans mes petits souliers. Mais ce n’est pas ce qui arriva.
Entrant dans l’établissement, elle arbora son plus beau sourire, tout en me prenant délicatement la main. Elle demanda à la réception, tout en sortant une liasse de billets, s’il y avait une chambre de libre. Obséquieux et hypnotisé par l’argent, l’employé répondit promptement « oui » et lui tendit aussitôt la clé. Mme A, soudain détendue, m’entraîna dans l’ascenseur et me guida, de plus en plus impatiente, vers la chambre. Sitôt la porte fermée, elle m’embrassa avec fougue, me fouillant intensément la bouche avec sa langue vive et taquine. Après un bref instant de sidération, j’entrai dans le jeu et participai activement au roulage de pelle. Nous étions collés l’un contre l’autre ; ses seins s’écrasaient contre mon torse et mon sexe, très à l’étroit, frottait contre son pubis. Nous haletions. L’atmosphère devint vite électrique. Une pulsion irrésistible, incontrôlable nous envahit. Mes yeux vrillèrent le regard de Mme A qui se fit implorante. Je la poussai vers le lit et lui enlevai fébrilement ses vêtements. Elle m’aida pour accélérer le mouvement en gémissant déjà. Mes yeux admiraient son corps superbe ; sa peau claire, ses seins fermes et leurs tétons déjà dressés, sa toison blonde soigneusement taillée. Je bandais comme un satyre en rut. Elle aussi était en feu. Elle se jeta sur moi, arrachant presque mes vêtements. Dès que je fus nu, elle se précipita sur mon sexe qu’elle engloutit voracement. Sa fellation s’avéra extraordinaire, surnaturelle ; je résistai pour ne pas jouir aussitôt, tant ses caresses buccales étaient incroyablement délicieuses. Je pris bientôt les choses en main et la positionnai pour un soixante-neuf endiablé. Ma bouche prit possession de son sexe déjà trempé qui s’ouvrit telle une fleur dès mes premiers coups de langue. Mme A mouillait comme une folle, inondant mon visage qui ne demandait que cela. Elle gémissait de plus en plus fort, son corps tremblant de plaisir, au point de devoir cesser provisoirement sa fellation. Son clitoris dardait hors de son capuchon, tel le phare de nos jouissances.
Je me levai, la regardai fixement et elle comprit. Elle écarta aussitôt les cuisses. « Viens ! » supplia-t’elle. Je la pénétrai en une seule poussée puissante, jusqu’à la garde. Mes couilles butant contre son pénis. Elle feula comme une tigresse en manque. Je ne lui faisais pas l’amour ; je la baisais sauvagement. Notre coït faisait trembler le lit ; nos cris emplissaient la chambre imprégnée des senteurs de nos corps en sueur. Il n’y avait plus une directrice et un employé, mais un mâle et une femelle en rut, se donnant un plaisir presque animal tant il était puissant, irrépressible. Nous baisâmes un long moment, alternant les positions, les angles, la vitesse, le rythme, la profondeur de pénétration. Mme A me réclamait toujours plus fort en elle. Elle ne se contentait pas de gémir ou de crier ; elle se lâchait en mots crus. Elle était ma « salope », ma « chienne » ; j’étais son « étalon dont elle allait vider les couilles ». Au bout de nos forces, de nos souffles, nous jouîmes ensemble dans des râles de fauves déchaînés ; je me vidai abondamment dans sa chatte trempée et brûlante. Nous étions ivres de sexe et de contentement. Mon pénis débanda lentement, et je me retirai à regret de cette chatte si accueillante ; des filaments de semence liaient encore nos parties génitales. Mme A, reprenant son souffle, se blottit contre moi en me caressant délicatement la peau. J’en fis de même. Le temps s’était arrêté, nous étions dans notre Paradis.
Quand Mme A eut retrouvé ses sens, elle prit son portable et appela son mari qui devait toujours se trouver dans l’hôtel. Je l’avais totalement oublié pendant que je baisais sauvagement sa femme. Mais elle, non. Madame A mit le haut-parleur.
« Mon chéri, tu vas bien ? Oui, tout s’est bien passé avec les Russes. Nous avons signé le contrat. C’est super n’est-ce pas ? Et je peux te dire que j’ai bien fêté ça. Branche la visio que je te montre ! »
Je n’en revenais pas. Elle allait tout révéler à son mari, en direct. Nous étions allongés sur le lit défait, nus comme des vers, nos corps portant encore les traces de notre intense partie de jambes en l’air. Mais quelle femme incroyable ! Sitôt la connexion établie, son mari fut stupéfait puis très en colère. Il la menaça, se drapant, le salaud, dans une vertu matrimoniale qu’il jouait avec l’honnêteté d’un arracheur de dents. Mme A, d’un ton sec et tranchant, l’arrêta immédiatement en lui montrant les films de ses infidélités répétées et en lui démontrant qu’elle savait absolument tout. Il fut sonné et anéanti par ces révélations ; peut-être plus, même, que par l’adultère consommé de sa femme. D’accusateur vertueux, il était ramené à sa condition de mari volage ; de Fouquier-Tinville conjugal, il était rabaissé à un simple condamné du tribunal de Salut Public. Mais surtout, il prenait violemment conscience qu’il était qu’un employé dépendant du bon vouloir de sa patronne qui n’était autre que sa femme bafouée, et désormais vengée. Elle lui mit le marché suivant en main, insistant sur le fait que s’il le refusait elle le briserait financièrement et socialement : pas de divorce, mais il devait démissionner immédiatement, rendre tous ses avantages professionnels (voiture, carte de crédit, abonnements divers), accepter de ne plus jamais avoir un aussi bon poste et salaire et cesser immédiatement de voir une autre femme. Et, cerise sur le gâteau, Mme A, prendrait des cours particuliers de russe, en chambre, avec moi, tous les lundis voire même un jour supplémentaire, en cas de difficulté grammaticale.
Finalement, j’adore les lundis.
#15.jpg
#16.jpg
#17.jpg
#18.jpg
Vous n’avez pas les permissions nécessaires pour voir les fichiers joints à ce message.