Je trouve que c’est un excellent sujet.
Car il s’agit d’une approche que j’ai pratiquée dans mes tous débuts, mais en tant que « cocufieur », quoiqu’à l’époque le mot n’existât point, sans même parler de celui de « candauliste ».
On était alors au bout de l’histoire du Minitel (fin 90’s) et les messageries en tous genres chauffaient gravement nos soirées.
Le format de ces messageries imposait que l’on crée à chaque connexion un court texte de présentation décrivant sa recherche, et un soir j’ai eu l’idée de m’adresser aux maris présents en ligne avec le blah-blah suivant (en gros) : « Vous cherchez ici l’aventure, mais que fait votre tendre épouse durant ce temps ? Je vous fais le pari de la détourner du droit chemin pour peu que vous me prêtiez son prénom et son numéro de tél. Appelez-moi, je vous dirai comment. »
Mon idée était simple : appeler la belle au numéro confié par le mari (...généralement celui du fixe de leur maison) puis m’excuser tout de suite en invoquant une simple erreur de manip : dans mon carnet d’adresse, son numéro et son doux prénom figuraient juste en dessous ceux de la personne que je voulais joindre. En revanche... « Marie, Marie... mais Marie qui ? Apparemment je n’ai pas noté votre nom, mais l’on doit se connaître. Moi c’est... Pierre KIROUL (je lui donnais mon vrai nom à moi)... cela vous dit-il quelque chose ? »
Et là, j’espérais amorcer un échange avec la Miss, à la recherche d’un « point commun » qui avait pu faire que je détienne son tél. Évidemment, je n’escomptais pour cette première fois rien d’autre que l’autorisation de la rappeler si je retrouvais ce lien, de même que je la suppliai d’en faire autant de son côté.
L’occasion me permettait toutefois de lancer des pistes vraisemblables, car je demandai à chaque mari-candidat de tout me dire sur son épouse, non seulement sur son âge et sa physionomie, mais aussi sur ses goûts, ses activités, ses détestations, etc... Il m’était donc aisé dès le premier appel de provoquer un début d’intérêt.
Bien sûr, le chemin était truffé d’embûche : le numéro ne répondait pas, quelqu’un d’autre me répondait, la dame me répondait mais se disait très pressée, etc. J’avais donc dressé un graphe des bugs possibles et des contre-mesures que je pourrais prendre à tout moment.
Au final, j’ai pu appeler une quinzaine de ces tendres épouses aux maris partageurs. Je me suis fait jeter deux fois, en ai rencontré huit et par trois fois j’ai fini entre les bras de la belle. L’une d’elles a bien voulu me supporter deux ans... Et elle était enceinte quand je l’ai rencontrée !
Pour chacune, je m’étais bien sûr engagé auprès de l’époux à le tenir au courant de mes progrès, de mes rendez-vous, etc.
Néanmoins en deux occasions, j’ai coupé net à l’aventure, ayant l’impression que le type n’était pas forcément animé par des motivations purement candaulistes.
Et finalement, avec les trois cocus, ce fut un plaisir pour moi de les voir comblés par mes récits et surtout par le bonheur que leurs compagnes semblaient retirer de nos rencontres. Un bonheur que deux d’entre elles - selon leurs dires - persistèrent à lui cacher. Quant à la troisième, j’ai même fini par être convié à dîner chez eux !
